La chirurgie stéréotaxique est une méthode utilisée pour manipuler le cerveau des animaux vivants. Cette technique permet aux chercheurs de cibler de manière précise des structures profondes au sein du cerveau en utilisant un atlas stéréotaxique, qui fournit les coordonnées 3D de chaque zone par rapport aux points de repères anatomiques situés sur le crâne.
Une fois que le crâne est découvert, l’animal anesthésié est placé sur un appareil spécialisé appelé cadre stéréotaxique, qui permet de déplacer avec une grande précision les outils expérimentaux vers les coordonnées choisies. La chirurgie stéréotaxique est une technique polyvalente qui peut être employée pour générer des lésions, manipuler l’expression de gènes, ou apporter un agent expérimental au cerveau.
Cet article-vidéo présente une vue d’ensemble des principes de base de la chirurgie stéréotaxique, comprenant des instructions pour l’utilisation d’un atlas stéréotaxique et d’un cadre stéréotaxique ainsi qu’une introduction à la lecture d’un vernier pour mesurer les mouvements de la sonde. La présentation qui s’en suit présente les grandes lignes du protocole chirurgical à suivre. Enfin, une grande diversité d’applications techniques sont présentées, comme l’implantation de sondes électriques pour mesurer l’activité cérébrale et les manipulations génétiques du tissus cérébral.
La chirurgie stéréotaxique est une technique efficace utilisée pour manipuler le cerveau d’animaux vivants.
Agir au niveau des régions profondes du cerveau intact peut être problématique vu que la cible chirurgicale ne peut être visualisée.
La stéréotaxie ou chirurgie stéréotaxique a été conçue pour atteindre des zones isolées du cerveau en se basant sur leur position dans l’espace par rapport à des points de repère visualisables. En utilisant un système de coordonnées à 3 dimensions, les outils peuvent atteindre des cibles précises afin de mesurer l’activité cérébrale, créer une lésion, ou effectuer une manipulation génétique. Cette vidéo va traiter les principes de la chirurgie stéréotaxique, expliquer les étapes essentielles de la procédure et aborder différentes applications de cette technique.
Avant d’aborder les détails de la procédure, passons en revue les principes de base et les outils de cette technique.
Pour commencer, la stéréotaxie nécessite de pouvoir situer la région ciblée du cerveau dans un plan tridimensionnel. Pour cela on utilise un atlas de stéréotaxie. Ce document est une représentation du cerveau en 3D obtenue à partir de coupes de cerveaux.
Dans ce cadre de référence, les relations spatiales sont représentées dans un plan en 3 axes : antéro-postérieur, medio-latéral et dorso-ventral. Pour situer la zone ciblée, trouvez la région du cerveau correspondante dans l’atlas et utilisez la grille pour calculer les coordonnées medio-latérale et dorso-ventrale. La coordonnée antéro-postérieure est située en haut ou en bas de la page. Pour mesurer cette coordonnée on utilise les points de repère formés par la jonction des plaques osseuses du crâne, appelées sutures. Le point de repère principal, Bregma, est situé à l’intersection des sutures sagittale et coronale. Le point de repère Lambda est plus loin vers le postérieur, à l’intersection des sutures sagittale et lambdoïde.
Pour cibler précisément la zone calculée pendant l’opération, un appareil appelé cadre stéréotaxique est utilisé. Ce cadre comporte le cadre principal, le micromanipulateur, et le porte-sonde, qui est attaché sur le descendeur. Les barres d’incisives et barres d’oreilles sont au contact de l’animal de manière à maintenir sa tête dans une position fixe. Le micromanipulateur permet de diriger l’instrument chirurgical avec précision vers les coordonnes prédéfinies au sein du cerveau, il est équipé de verniers qui permettent de mesurer la distance exacte dans les trois dimensions.
Pour lire un vernier, repérez d’abord la valeur correspondante à la ligne du 0 sur la droite de l’échelle. Ce côté de l’échelle est gradué avec une unité de 10mm, donc, 1 correspond à 10 et 2 correspond à 20. Ici, la marque du zéro montre que la mesure est comprise entre 10 et 11 mm. Pour déterminer la première décimale, trouvez la ligne sur l’échelle de gauche qui correspond le mieux avec la marque sur la droite. Utilisez l’échelle de gauche pour identifier la valeur de cette marque, qui est 9 dans cet exemple. La valeur finale est ici de 10,9mm.
Maintenant que vous êtes familiarisés avec les principes de base de la stéréotaxie, voyons comment est menée la procédure chirurgicale. Avant la chirurgie, la tête de l’animal anesthésié est tondue et désinfectée. Pour maintenir l’animal en place sur le cadre de stéréotaxie, les barres d’oreille sont délicatement placées dans les oreilles, et les dents du devant sont placées dans les barres d’incisives. On applique une pommade oculaire pour éviter que la cornée ne sèche pendant la chirurgie.
Pour découvrir le crâne, faites une petite incision avec un scalpel. Séparez délicatement les tissus musculaires et nettoyez la surface du crâne. Ensuite, utilisez le micromanipulateur pour descendre une sonde jusqu’au bregma et notez sa coordonnée dorso-ventrale. Puis remontez la sonde et répétez cette procédure au lambda. Si la mesure au lambda a moins de 0,1mm de différence avec la coordonnée dorso-ventrale au bregma, le crâne est considéré comme étant à niveau et vous pouvez commencer. Sinon, remontez ou redescendez la barre d’incisives et recommencez les mesures.
Maintenant que le cerveau est à niveau, retournez au bregma et enregistrez les coordonnées medio-latérale et antéro-postérieure. En vous basant sur les coordonnées de la cible issues de l’atlas cérébral, calculez les mouvements nécessaires pour atteindre ce site et déplacez la sonde jusqu’à la bonne position. Marquez cette position sur le crâne et utilisez une perceuse pour faire un trou dans l’os. Juste en-dessous du crâne se trouve la dure mère, une membrane épaisse rigide qui peut être sectionnée délicatement avec la pointe d’une aiguille.
Ensuite, le bras du micromanipulateur est mis en position pour descendre la sonde jusqu’à la coordonnée dorso-ventrale cible, à laquelle on peut effectuer la manipulation désirée.
Maintenant que vous comprenez les étapes basiques de la procédure, voici certaines des nombreuses manières dont les neuroscientifiques utilisent la chirurgie stéréotaxique.
Pour commencer, la stéréotaxie est très utile pour déposer des agents expérimentaux dans des régions précises du cerveau. Ces agents peuvent être des colorants traceurs utilisés pour visualiser les projections et la connectivité neuronales, les composés chimiques ou les réactifs pour la manipulation génétique des neurones. Par exemple, l’injection d’un virus génétiquement modifié peut apporter un gène d’intérêt et infecter des cellules. Ici, un virus a été injecté dans l’hippocampe, provoquant l’expression de GFP dans une petite population de neurones.
D’un autre côté, l’apport par un virus de fragments d’ARN interférant peut supprimer l’expression de protéines d’intérêt. Dans cet exemple, l’expression de la protéine SOD1 a été supprimée dans différentes régions cérébrales à la suite d’une injection stéréotaxique dans le ventricule latéral.
Par ailleurs, la chirurgie stéréotaxique peut être utilisée pour placer des électrodes dans le cerveau afin d’enregistrer les signaux électriques qui accompagnent l’activité neurale. Une fois que l’animal s’est remis de la chirurgie, les électrodes peuvent être connectées à un système d’enregistrement électro-physiologique ce qui permet d’observer les décharges neuronales lorsque la souris agit librement.
En plus de mesurer l’activité neuronale, la chirurgie stéréotaxique est aussi utilisée pour effectuer des micro-dialyses. Cette technique permet la surveillance en continu des concentrations en médicament, neurotransmetteur ou métabolites dans le tissu cérébral d’animaux éveillés. Pour cela, une petite sonde remplie de fluide avec une membrane semi perméable à son extrémité est implantée dans une région cérébrale spécifique. Les petits solutés comme les neurotransmetteurs, hormones et médicaments passent par diffusion dans la sonde, où ils peuvent être collectés pour analyse. Dans cette expérimentation, la concentration en glucose de l’hippocampe a été mesurée afin d’évaluer une activité neurale locale pendant que des rats effectuent un travail qui nécessite l’utilisation de la mémoire de travail spatial.
Vous venez de regarder la vidéo de JoVE sur la chirurgie stéréotaxique. Dans cette vidéo nous avons abordé les principes et méthodes de la procédure ainsi que ses nombreuses applications dans les laboratoires de neurosciences.
Merci de nous avoir regardés!
Stereotaxic surgery is a powerful technique utilized to manipulate the brain in living animals. Targeting regions deep within the intact brain poses a unique problem in that usually the surgical target cannot be located visually. Stereotaxy or stereotactic surgery was devised to target discrete regions of the brain by knowing their spatial relationships to visible landmarks. Using a three-dimensional coordinate system, tools can be directed to specific locations in order to measure brain activity, make a lesion, or perform genetic manipulations. This video will cover the principles of stereotaxic surgery, demonstrate essential steps of the procedure, and discuss various applications of the technique.
Before discussing the procedural details, let’s review the basic principles and tools of the technique. To start, stereotaxy depends on locating the targeted region of the brain on a three dimensional axis. For this purpose, a stereotactic atlas is used. This document is a 3D reconstruction of the brain obtained from serial sections of stained brains.
In this reference frame, spatial relationships are expressed using a set of 3 axes: Anterior-posterior, medial-lateral and dorsal-ventral. To determine the location of a region of interest, find the appropriate brain region in the atlas and use the grid to calculate the corresponding mediolateral and dorsoventral coordinates. The anteroposterior coordinate is obtained at the bottom or top of the page. This coordinate is measured from landmarks on the skull formed by the intersections of bone plates, which are known as sutures. The most prominent landmark, bregma, is defined as the point of intersection of the sagittal suture with the coronal suture. The point known as lambda is more posterior; where the sagittal suture intersects the lambdoid suture.
For accurate targeting to the calculated location during surgery, a device known as the stereotaxic frame is used . The frame consists of the main frame, the micromanipulator, and the probe holder, which is attached to the mounting clamp. Incisor and ear bars make contact with the animal in order to hold the head in a fixed position. The micromanipulator is used for precise movement of surgical probes to predetermined coordinates within the brain, and is equipped with sliding Vernier scales for exact distance measurements in all three dimensions.
To read a Vernier scale, first identify the location of the 0 line in relation to the tick marks on the right side of the scale. This side of the scale is labeled in 10 millimeter increments, so that 1 is 10 and 2 is 20. The location of the 0 mark here shows that the reading is in between 10 and 11 mm. To determine the first number to the right of the decimal point, find the line on the left scale that lines up best with a mark on the right side. Use the left scale to identify the value of this mark, which in this case is 9, making the final reading 10.9 mm.
You’re now familiar with the basic principles of stereotaxy, so let’s review how the surgical procedure is carried out. Before surgery, the scalp of an anesthetized animal is shaved and disinfected. To hold the animal in place on the stereotaxic frame, the ear bars are gently placed in the ears, and the front teeth are placed in the incisor bars. Eye ointment is applied to prevent corneal drying during surgery.
To expose the skull, make a small incision with a scalpel. Separate the muscle tissue gently and clean the surface of the skull. Then, use the micromanipulator to lower a probe to bregma and take note of its dorsoventral coordinate. Then raise the probe and repeat this procedure at lambda. If the lambda measurement is less than 0.1 mm from the dorsoventral coordinate at bregma, the skull is considered level and you are ready to proceed. If not, raise or lower the incisor bar and repeat the measurements.
Now that the brain is level, return to bregma and record the medio-lateral and antero-posterior coordinates. Based on the target coordinates from the brain atlas, calculate the movements required to reach that site and shift the probe to the target position. Mark this position on the skull and use a drill to carefully make a hole in the bone.
Just under the skull you will find the dura, a thick durable membrane that can be gently sectioned with the tip of a small needle.
Next, the micromanipulator arm is placed into position to lower the probe to the targeted dorsoventral coordinate, at which point the desired manipulation can be performed.
Now that you understand the basic steps of the procedure, let’s take a look at some of the many ways neuroscientists use stereotaxic surgery to answer questions in the lab.
To begin, stereotaxy is extremely useful for delivering experimental agents into precise brain regions. These agents may include tracer dyes used to visualize neuronal projections and connectivity, chemical compounds, or reagents for genetic manipulation of neurons. For instance, the injection of genetically engineered viruses will result in delivery of a gene of interest to infected cells. Here, a virus was injected into the hippocampus, resulting in GFP expression in a small population of neurons.
On the other hand, viral delivery of small interfering RNA can prevent the expression of desired proteins. In this example, expression of the protein SOD1 was suppressed in different brain regions following stereotaxic injection into the lateral ventricle.
Alternatively, stereotaxic surgery can be used to place electrodes in the brain for recording of the electrical signals that accompany neural activity. After the animal recovers from the surgical procedure, the electrodes can be connected to electrophysiological recording systems to observe neuronal firing while the mouse is freely behaving.
In addition to measuring neuronal activity, stereotaxic surgery is instrumental to microdialysis. This technique allows continuous monitoring of drug, neurotransmitter or metabolite concentrations in the brain tissue of awake animals. To do this, a small, fluid-filled probe with a semipermeable membrane at its tip is implanted into a specific brain region. Small solutes including neurotransmitters, hormones, and drugs diffuse into the probe, where they can be collected for analysis. In this experiment, glucose concentration in the hippocampus was measured as a readout for local neural activity while rats completed a task requiring the use of spatial working memory.
You’ve just watched JoVE’s video on stereotaxic surgery. In this video, we’ve covered the principles and methods of the procedure as well as its many applications in neuroscience labs.
Thanks for watching!
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