Introduction à Saccharomyces cerevisiae

An Introduction to <em>Saccharomyces cerevisiae</em>
JoVE Science Education
Biology I: yeast, Drosophila and C. elegans
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JoVE Science Education Biology I: yeast, Drosophila and C. elegans
An Introduction to Saccharomyces cerevisiae

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10:48 min
April 30, 2023

Overview

La Saccharomyces cerevisiae (communément appelée levure de boulanger) est un organisme eucaryote unicellulaire fréquemment utilisé en recherche scientifique. La S. cerevisiae est un organisme modèle intéressant en raison de son génome séquencé, de sa génétique facilement manipulable et de son entretien facile en laboratoire. Du fait de la similarité entre les séquences et fonctions des protéines de levures et celles d’autres organismes, les études effectuées sur la levure peuvent nous aider à déterminer le fonctionnement d’un gène ou d’une protéine particulière dans les eucaryotes supérieurs (y compris les humains).

Cette vidéo fournit une introduction à la biologie de cet organisme modèle, à la façon dont il fut découvert, et aux raisons pour lesquelles des laboratoires du monde entier l’ont choisi comme modèle de choix. Les études précédentes sur la S. cerevisiae ayant facilité notre compréhension des processus cellulaires importants tels que le cycle cellulaire, le vieillissement et la mort cellulaire sont également discutés. Pour terminer, cette vidéo décrit quelques-unes des multiples utilisations des cellules de levure en recherche scientifique moderne, notamment la purification des protéines et l’étude des mécanismes de réparation de l’ADN ainsi que d’autres procédés cellulaires liés aux maladies d’Alzheimer et de Parkinson.

Procedure

La Saccharomyces cerevisiae, communément appelée levure de boulanger, est l’un des nombreux organismes modèles étudiés en laboratoire à travers le monde. En raison de son génome séquencé, de sa génétique facilement manipulable et de son entretien facile en laboratoire, cette espèce de levure a été une ressource inestimable pour la compréhension des procédés cellulaires fondamentaux tels que la division et la mort cellulaire. Cette vidéo vous donnera un aperçu de cet organisme modèle et de son large domaine d’applications pour la recherche biologique et biomédicale.

La levure appartient au groupe des Eucaryotes, qui est composé des organismes dont le noyau est entouré d’une membrane nucléaire. Avec les champignons et les moisissures, la S. cerevisiae appartient au règne des Fungi en raison de la présence d’une paroi cellulaire constituée de chitine, un polymère de polysaccharide que l’on retrouve non seulement dans les champignons, mais aussi dans les exosquelettes d’insectes et crustacés.

Fait intéressant, de nombreuses protéines présentes dans la levure et celles de leurs compagnons eucaryotes ont des séquences similaires. Ces protéines sont souvent homologues et leurs séquences similaires indiquent un ancêtre commun. En étudiant la fonction d’une protéine de levure, les chercheurs acquièrent une connaissance approfondie de la fonction de cette protéine dans les eucaryotes supérieurs, tel que, pour nous, les humains.

A l’état naturel, la S. cerevisiae se trouve dans des environnements chauds et humides avec une source de sucre proche. L’un de ses endroits préférés est la vigne, où elle réside sur la peau du raisin.

Lors de son observation au microscope en champ clair, la S. cerevisiae a une forme ronde ou ellipsoïdale et généralement un diamètre de 5 à 10 micromètres.

Lorsque la plupart des cellules eucaryotes se divise par mitose et cytocinèse il y a un partage égal du matériel génétique et du cytoplasme dans les cellules filles. Dans le cas de la S. cerevisiae, la division cellulaire se fait par un procédé appelé bourgeonnement.

Cette forme de reproduction asexuée implique la formation d’un nouveau bourgeon synthétisé à partir de la cellule mère, qui grandit en taille suivant le cycle cellulaire jusqu’à la cytocinèse. Contrairement aux divisions cellulaires eucaryotes typiques, les deux cellules ne sont pas de tailles identiques après la mitose.

Maintenant que nous connaissons un peu mieux l’organisme des S. cerevisiae, discutons de ce qui en fait un excellent modèle pour la recherche.

Premièrement, les cellules de levure croissent rapidement et se divisent environ toutes les 90 minutes. Deuxièmement, elles sont faciles à cultiver et nécessitent uniquement des techniques et instruments simples pour se propager. Troisièmement, puisque la S. cerevisiae a été le premier organisme eucaryote dont le génome a été entièrement séquencé, toutes les séquences de ses gènes sont disponibles sur la base de données du génome des levures.

La manipulation génétique des levures est également extrêmement aisée. La plupart des vecteurs de la S. cerevisiae, porteurs d’une séquence d’ADN intéressante, sont des vecteurs navettes. Les vecteurs navettes sont généralement des plasmides qui peuvent se propager dans deux espèces différentes, tels que l’E. coli et la S. cerevisiae. Ceci permet d’effectuer le clonage moléculaire dans l’E. coli, par exemple pour incorporer le gène de la protéine fluorescent verte de la méduse dans un vecteur navette qui peut être introduit dans la levure afin de la rendre fluorescente.

Le plasmide intégratif de la levure est un type de vecteur navette qui permet l’intégration d’ADN étranger dans le génome de la levure par un procédé appelé la recombinaison homologue. La recombinaison homologue est un échange d’ADN entre des séquences complémentaires ou similaires qui conduit à un enjambement entre le vecteur et l’ADN génomique hôte. Cela peut entrainer l’élimination d’un gène ou l’échange d’un gène avec un autre. De plus, puisque la recombinaison homologue conduit à l’intégration dans le génome hôte, la modification génétique persiste après la division cellulaire de la levure.

Maintenant que vous savez ce qui rend la levure si propice à l’étude, voyons pourquoi ces petites créatures ont été si importantes scientifiquement. Il y a très, très longtemps, au début du 6ème millénaire avant JC, la levure était utilisée dans la fermentation des raisins pour produire du vin. L’Egypte ancienne s’est ensuite servit de la levure pour la fabrication du pain.

Ce n’est qu’en 1856 que Louis Pasteur a identifié la S. cerevisiae comme le microbe clé pour la fabrication du vin et du pain. Il classifia la levure comme un organisme à anaérobie facultative, qui, en absence d’oxygène, conduit à la fermentation, un procédé qui permet à la levure de métaboliser les sucres et générer de l’alcool comme produit dérivé. Dans ce procédé, le pyruvate, produit issu de la glycolyse, est réduit en acétaldéhyde qui lui, grâce à la conversion du NADH en NAD+, est ensuite réduit en éthanol, l’ingrédient déterminant du vin.

Au 20ème siècle, Mr. Hartwell et Nurse découvrirent dans la levure les protéines qui régulent le cycle cellulaire.

Le cycle cellulaire est une série d’évènements cellulaires qui comprend la réplication exacte et la ségrégation de l’ADN nucléaire avant la division de la cellule. L’identification des protéines cycline et kinase cycline-dépendante, ainsi que le changement de leurs quantités relatives lors de l’interphase et de la mitose, suggéra que ces protéines sont des régulatrices clés de la division cellulaire. Le caractère très préservé de ces protéines rend leur étude dans la levure utile à la compréhension du rôle de la kinase cycline-dépendante dans les organismes multicellulaires, comme dans le dérèglement du cycle cellulaire qui peut conduire à une division cellulaire incontrôlée ou au cancer.

Quinze ans plus tard, Mmes Blackburn et Greider ainsi que Mr. Szoztak ont menés des études décisives dans la compréhension des télomères ainsi que la découverte des télomèrases. Les télomères sont des séquences répétitives d’ADN à l’extrémité d’un chromosome qui empêchent la dégradation de l’ADN. L’addition de ces séquences répétitives est réalisée par les télomèrases à l’extrémité 3’ du chromosome et l’appariement des nucléotides se poursuit grâce à l’ADN polymerase dans le brin retardé. Les télomères ont des implications dans le vieillissement puisque ces segments d’ADN raccourcissent durant la vie de l’organisme.

Plus récemment, Mr. Ohsumi et ses collègues ont découvert en 1992 les gènes régulant l’autophagie, une sorte de recyclage cellulaire. Lors de carence en nutriments, les organites sont digérés par un autophagosome. L’autophagosome fusionne alors avec un lysosome, afin de briser d’avantage les protéines des organites en acides aminés essentiels à la fabrication de nouvelles protéines. L’autophagie prend part à d’importants mécanismes cellulaires de protection contre la croissance tumorale.

L’étude de la levure a un vaste domaine d’applications.. Par exemple, la levure peut servir à l’étude de la mitophagie, qui est l’élimination de mitochondries défectueuses par les autophagosomes. Ce processus est impliqué dans les maladies telles qu’Alzheimer et Parkinson. Dans cette vidéo, l’autophagie est induite dans les cellules de levure par l’addition d’un milieu entrainant une privation d’azote. Les cellules sont ensuite préparées pour la microscopie à fluorescence afin d’observer la mitophagie des cellules carencées en azote.

La S. cerevisiae est utilisée pour exprimer et purifier de grandes quantités de protéines, par exemple la protéine régulatrice de la conductance transmembranaire de la fibrose kystique. Dans cette vidéo, des cellules de levure portant le plasmide CFTR sont cultivées en grande quantité. Les cellules sont ensuite centrifugées afin de séparer les microsomes. Les microsomes sont des vésicules artéfactuels formés par le réticulum endoplasmique lorsque les cellules sont détruites. L’isolation et la purification du CFTR à partir des microsomes permettent aux scientifiques l’étude de la structure de la protéine par des méthodes telles que la cristallographie à rayon X.

La levure peut également être utilisée comme modèle pour l’étude génétique des protéines de réparation de l’ADN humain… Ces protéines détectent et réparent l’ADN endommagé afin d’éviter la prolifération de cellules porteuses d’un génome défectueux, telles que les cellules cancéreuses. Ici, vous voyez les auteurs disposer des cellules de levure contenant la protéine de réparation de l’ADN transformé, WRN, sur des plaques de gélose sélectives. La morphologie cellulaire de mutants pour la protéine WRN peut être observée par microscopie à fluorescence et la détection de cette protéine dans le lysat cellulaire est effectuée en conduisant un gel de protéine pour analyse par Western Blot.

Vous venez de regarder l’introduction à la S. cerevisiae de JoVE. Dans cette vidéo, nous avons présenté l’histoire, la biologie cellulaire et moléculaire ainsi que les applications biomédicales de la S. cerevisiae. Nous espérons que vous avez passé un agréable moment et vous encourageons à partager cette vidéo avec vos amis.

Transcript

Saccharomyces cerevisiae, otherwise known as baker’s yeast, is one of the many model organisms studied in laboratories all over the world. Because it’s genome has been sequenced, its genetics are easily manipulated, and it is easy to maintain in the lab, this species of yeast has been an invaluable resource in the understanding of fundamental cellular processes such as cell division and cell death. This video will give you an overview of this model organism and its wide range of applications in biological and biomedical research.

Yeast belong to the domain Eukaryota, which is comprised of organisms with membrane-bound nuclei, referred to as eukaryotes. Along with mushrooms and molds, S. cerevisiae belongs to the Kingdom Fungi due to the presence of a cell wall made out of chitin, a polysaccharide polymer that’s found not only in Fungi, but also in the exoskeletons of insects and crustaceans.

Interestingly, many proteins found in yeast share similar sequences with proteins from their fellow Eukaryotes. These proteins are often homologous, and their similar sequences indicate that the organisms share a common ancestor. By investigating the function of a given protein in yeast, researchers gain insight into the protein’s function in higher eukaryotes, such as us, humans.

In nature, S. cerevisiae is found in warm, moist environments, with a source of sugar close at hand. One of its favorite hang out spots is the vineyard, where it dwells on grape skin.

S. cerevisiae has a round to ellipsoidal ovoid shape and is typically 5-10 micrometers in diameter when visualized using a bright field microscope.

When most eukaryotic cells divide via mitosis and cytokinesis, there is an equal segregation of genetic material and cytoplasm in daughter cells. On the other hand, S. cerevisiae undergoes cell division through a process called budding.

This form of asexual reproduction involves the formation of a newly synthesized bud from the mother cell, which grows in size throughout the cell cycle until cytokinesis. Unlike typical eukaryotic cell division, the two cells are not equal in size following mitosis.

Now that we’ve learned a bit about S. cerevisiae as an organism, let’s discuss what makes it a great model system for research.

First, yeast cells grow quickly and divide approximately every 90 minutes. Second, they are easy to grow, and need only simple technique and instrumentation for propagation. Third, being the first eukaryotic organism to have its entire genome sequenced, S. cerevisiae has all of its gene sequences publicly available via the yeast genome database.

Genetic manipulation of yeast is also extremely practical. Most S. cerevisiae vectors, carriers of a DNA sequence of interest, are shuttle vectors. Shuttle vectors are usually plasmids that can propagate in two different species, such as both E. coli and S. cerevisiae. This allows molecular cloning to be performed in E. coli, say to incorporate the gene for green fluorescent protein from jellyfish into a shuttle vector, which can be introduced in yeast to make them glow.

The yeast integrative plasmid is a type of shuttle vector which allows incorporation of foreign DNA into the yeast genome through a process called homologous recombination. Homologous recombination is an exchange of DNA between matching or similar sequences that results in a genetic crossover between the vector and host genomic DNA. This can cause a gene to be knocked out, or one gene to be swapped with another. In addition, since homologous recombination results in integration into the host genome, the genetic change persists after the yeast cell divides.

Now that you know what makes yeast so convenient for study, let’s have a look at why these little critters have been so important scientifically. A long, long time ago, in early 6th millennium B.C., yeast was involved in the fermentation of grapes to make wine. Yeast later played a role in baking bread in ancient Egypt.

It was not until 1856 that Luis Pasteur identified S. cerevisiae as the key wine-making and bread-baking microbe. He classified yeast as a facultative anaerobe, which, in the absence of oxygen, switches to fermentation, a process that allows yeast to metabolize sugars and produces alcohol as a byproduct. In this process, pyruvate, which is produced by glycolysis, is reduced to acetylaldehyde, which is then, thanks to the conversion of NADH to NAD+, reduced to ethanol, the defining ingredient in wine.

Jumping ahead to the 20th century, the discovery of proteins that regulate the cell cycle were found in yeast by Hartwell and Nurse.

The cell cycle is a series of cellular events that includes the proper replication and segregation of nuclear DNA before a cell divides. The identification of the protein cyclin and cyclin-dependent kinase, along with the change in their relative abundance through interphase and mitosis, suggested that these proteins are key regulators of cell division. The highly conserved nature of these proteins makes their study in yeast valuable for understanding the role of cyclin-dependent kinases in multicellular organisms, such as the dysregulation of the cell cycle, which can lead to uncontrolled cell division, or cancer.

Advancing to 15 years later, Blackburn, Greider, and Szostak made breakthrough studies in understanding telomeres as well as the discovery of telomerases. Telomeres are repetitive sequences of DNA at the end of a chromosome that prevent genomic DNA from degenerating. The addition of these repetitive sequences is carried out by telomerases at the 3’ flanking end of the chromosome, and complementation of nucleotides is followed by DNA polymerase in the lagging strand. Telomeres have implications in aging as these DNA segments get shorter throughout an organism’s lifetime.

Even more recently, in 1992, Ohsumi and his colleagues discovered genes regulating autophagy, a kind of cell recycling. During nutrient starvation, expendable organelles are engulfed by an autophagosome. The autophagosome will then fuse with a lysosome, in order to further break down organellar proteins to amino acids essential for making new proteins. Autophagy is involved in the important cellular mechanisms that protect against invading pathogens and tumor growth.

There are a wide range of applications for the study of yeast. Yeast can, for example, be used to study mitophagy, which is the removal of damaged mitochondria by autophagosomes. This process has implications in diseases such as Alzheimer’s and Parkinson’s. In this video, autophagy is induced in yeast cells with the addition of nitrogen starvation medium. Next, cells are prepared for fluorescence microscopy, in order to observe mitophagy in nitrogen-starved cells.

S. cerevisiae is used to express and purify large amounts of proteins, for example the cystic fibrosis transmembrane conductance regulatory protein. In this video, yeast cells carrying the CFTR plasmid are grown in large cultures. Next, centrifugation of the cells is carried out in order to separate the microsomes. Microsomes are artifactual vessels formed from the endoplasmic reticulum when cells are disrupted. Isolation and purification of CFTR from microsomes will allow scientists to study the structure of the protein by using methods such as x-ray crystallography.

Yeast can also be used as a model system for genetic studies of human DNA repair proteins. These proteins detect and fix damaged DNA in order to prevent proliferation of cells carrying a defective genome, such as cancer cells. Here you see authors plating yeast cells with the transformed DNA repair protein, WRN, on selective media plates. Cell morphology of mutants for WRN can be visualized using fluorescence microscopy, and detection of this protein in cell lysate is carried out by running a protein gel for Western Blot analysis.

You’ve just watched JoVE’s introduction to S. cereviae. In this video we reviewed: the history, cell and molecular biology, and biomedical applications of S. cerevisiae. We hope you enjoyed our video, and we encourage you to share it with a bud.